L’été Gigi par Céline Estelle : un roman à la grâce maîtrisée 

Et si un roman pouvait être à la fois une histoire d’été et une leçon de sincérité littéraire ?

Avec L’été Gigi, Céline Estelle signe un texte sensible et maîtrisé, d’une centaine de pages denses, qui explore les émotions de la Jeunesse. Profondeur est le mot qui résume le mieux son roman. Ancienne journaliste en spiritualités, sophrologue et thérapeute depuis plus de douze ans, elle transpose dans la fiction son expérience de l’écoute et de l’analyse humaine. Un livre qui marque pour elle une étape essentielle : celle où la plume devient Territoire personnel.

Après des années d’écriture journalistique en presse nationale et internationale, et de collaborations à des ouvrages collectifs, Céline Estelle a ressenti le besoin d’affirmer sa voix seule, à travers la fiction et l’édition. Depuis sa sortie fin 2024, L’été Gigi s’est imposé comme un texte de passage : entre récit initiatique et manifeste intime. Il évoque un été marquant, celui qui imprime la mémoire et transforme la perception de l’Amour et de la Perte. 

Le regard de la thérapeute

Nourrie par son regard de thérapeute, l’autrice y explore les zones invisibles de l’émotion : celles qui se taisent, se devinent ou se contredisent. Elle dit écrire « comme on ressent » plutôt que comme elle ressent, traduisant les variations d’intensité de la vie intérieure par une écriture mouvante, parfois haletante ou contemplative. 

Dans son trio de personnages – Gigi, Emma et Tristan – chacun porte et assume sa part de fragilité, son regard sur l’amour et le deuil, son désir de comprendre ce qui lui échappe…

L’Amour au centre

L’amour, thème central du roman, y apparaît comme un mystère entier. Pour Céline Estelle, il ne se résume ni à la passion ni à la possession. Il se révèle souvent dans l’absence, le manque ou le silence. L’été Gigi interroge cette dimension invisible du lien : ce qui demeure quand tout semble s’effacer ou mourir, ce qui continue d’exister à travers les signes, les rêves, les souvenirs ou les prémonitions. Dans son écriture, le surnaturel n’est jamais appuyé : il se glisse dans le réel tel un souffle, une autre possibilité.

L’édition, un temps long

Si Céline Estelle parle de publication avec autant de justesse, c’est qu’elle en connaît les deux versants : la lumière comme la solitude, l’exécution comme la direction. Elle ne voit pas l’édition comme un aboutissement, mais comme une forme d’engagement. Derrière chaque livre, explique-t-elle, se cache un long processus de maturation, de travail, d’introspection. Des idées qui viennent subtilement ou en blocs. L’écriture, pour elle, est une aventure intérieure avant d’être un objet imprimé. Elle se souvient de ses années de journaliste-reporter, de ses reportages sur des sujets complexes – la spiritualité, la psychologie, la victimisation, les trajectoires d’exilés – et de cette matière humaine qu’elle n’a jamais cessé d’explorer. Ce sont ces expériences, parfois lourdes, souvent inspirantes, qui nourrissent aujourd’hui sa fiction.

Céline Estelle, l'auteure, tenant son livre L'été Gigi par Céline Estelle.
L’été Gigi par Céline Estelle

Un alignement profond

Loin d’une vision idéalisée du métier, Céline Estelle affirme qu’il n’y a pas de « chance » en littérature. Tout, selon elle, repose sur le travail, la persévérance et la fidélité à un Soi intérieur aligné. « Même si vous écrivez l’histoire de quelqu’un, cela nécessite d’avoir résolu vos propres écueils, d’être aligné au Soi profond » sourit-elle. 

Sa première publication officielle, imprimée à des milliers d’exemplaires, est née d’une simple réponse à la petite annonce d’un groupe de presse, il y a près de vingt ans. Deux jours plus tard, elle réalisait son premier reportage dans le sud de la France et ne quittait plus la plume. C’est cette détermination, alliée à une curiosité sans bornes, qui a façonné sa trajectoire. 

Un rejet du conventionnel au profit de l’authenticité

Une trajectoire atypique où les mots Liberté, Sens et Alignement, prennent toute leur valeur. Elle explique avoir toujours revendiqué sa différence d’indépendante : « Lorsque vous êtes une personne atypique, un personnage décalé et original, tout le système fait pression pour que vous rentriez enfin dans le moule. Rester Soi, dans ce monde formaté, est une bataille qui sera toujours la mienne. La pression extérieure et le conventionnel m’horripilent. Je préfère encore m’isoler que de m’adapter. Fille unique qui s’est forgée toute seule, devenir ermite ne me dérange pas du tout ». Ses années dans les rédactions, ses études en communication et en théologie, ses incursions dans la logistique maritime ou même les neurosciences, tout cela témoigne d’une même constante : la volonté de comprendre l’humain sous toutes ses formes.

Une vraie guide d’artistes

Aujourd’hui, Céline Estelle accompagne à son tour des artistes, écrivains, musiciens et comédiens. Dans son cabinet, elle pratique un coaching qui mêle écoute, bienveillance et ancrage. « Accepter, accueillir et s’engager dans le changement » est son adage. Elle observe chez les jeunes auteurs une difficulté récurrente : le besoin de validation extérieure. Elle leur rappelle que la comparaison est l’un des plus grands freins à la création. Être soi, insiste-t-elle, c’est la seule voie durable.
Elle-même écrit depuis toujours, trois livres par an en moyenne, sans chercher à tout publier. Pour elle, un auteur n’existe pas seulement à travers la reconnaissance éditoriale, mais dans la constance de son geste. Écrire, c’est persévérer, même dans le silence.

Avec L’été Gigi, Céline Estelle livre donc un roman à la fois doux et intense, empreint d’humanité et de toute la dolce vita des années 80. On y retrouve sa sensibilité de thérapeute, son regard de journaliste et sa sincérité d’auteure. Ce texte, par sa justesse et sa profondeur, parle autant aux lecteurs qu’aux aspirants écrivains : ceux qui, en le refermant, se diront peut-être qu’eux aussi, un jour, pourront oser la même démarche.

Découvrir L’été Gigi, de Céline Estelle, sur le site de l’éditeur